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Tribune. « La France doit cesser de saboter la transition énergétique européenne »

Plusieurs associations environnementales dénoncent le comportement de la France à propos de la directive européenne sur les renouvelables. Un texte « crucial » bloqué par Paris. Elles dénoncent une « nouvelle prise d’otage de la transition énergétique ».
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Voici leur tribune : « Une fois n’est pas coutume : un texte crucial pour le développement des énergies renouvelables (la directive RED III) est actuellement bloqué par la France au Conseil de l’Union européenne.

Alors que ce nouveau coup de frein à la transition énergétique devrait susciter l’indignation générale, l’évènement est passé quasiment inaperçu en France. À l’heure où le pays est en pleine redéfinition de ses objectifs et trajectoires climatiques pour les horizons 2030 et 2050 dans le cadre de la nouvelle Stratégie nationale bas carbone (SNBC), le blocage français au niveau européen est particulièrement malvenu.

D’autant plus que s’il y a un domaine dans lequel la France ne brille pas, c’est le développement des énergies vertes. Tant au niveau français, où l’éolien et le solaire n’atteindront pas fin 2023 les objectifs de développement fixés dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qu’au niveau européen où la France est le seul pays à ne pas avoir atteint son objectif de développement des énergies renouvelables en 2020.

S’il y a un domaine dans lequel la France ne brille pas, c’est le développement des énergies vertes.

Si la production d’électricité française est relativement bas carbone, sa consommation finale d’énergie repose toujours à plus de 60 % sur des énergies fossiles. Il y a donc un enjeu vital à développer rapidement et massivement les énergies renouvelables si nous souhaitons avoir une chance d’atteindre nos objectifs climatiques, étant donné les délais de construction extrêmement longs d’éventuelles nouvelles centrales nucléaires et les incertitudes concernant leur financement.

Le rapport de l’Agence Internationale de l’Energie, paru la semaine dernière, est sans équivoque : les énergies renouvelables sont le meilleur levier pour faire baisser rapidement nos émissions de gaz à effet de serre à un coût abordable tout en renforçant notre sécurité énergétique. Le Giec ne dit pas autre chose dans son dernier rapport, qui explicite l’énorme potentiel de l’éolien et du solaire comme solution pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique d’ici 2030.

Les responsables de l’Union européenne l’ont bien compris : la directive RED III prévoit de rehausser l’objectif pour les énergies renouvelables en 2030 à 42,5 %. Le texte, fruit du compromis européen, n’est pas parfait : ce nouvel objectif n’est pas suffisant pour maintenir la hausse des températures à 1,5 degré et il intègre des fausses solutions comme certaines bioénergies ou l’hydrogène produit à partir de nucléaire. À la suite des négociations en trilogue avec le Parlement et la Commission, l’accord sur la table aurait dû être validé par les gouvernements nationaux le 17 mai dernier. C’était sans compter sur le blocage de dernière minute de la France, qui a sabordé le texte au prétexte qu’il ne serait pas assez favorable à l’hydrogène produit à base de nucléaire.

Ces derniers temps, les décideurs bruxellois ont pris l’habitude de voir la France défendre bec et ongles les intérêts de son industrie nucléaire en difficulté à la suite des déboires des EPR (à Flamanville et à l’étranger) et aux problèmes de corrosion qui ont entraîné la mise à l’arrêt de près de la moitié de son parc cet hiver.

Déjà l’année dernière, une coalition menée par la France avait réussi la prouesse de faire inclure le nucléaire et le gaz fossile parmi la liste des investissements « verts » de la taxonomie européenne, provoquant de vives critiques de la part des ONG. Cette nouvelle prise d’otage de la transition énergétique n’est pas tolérable.

Cette nouvelle prise d’otage de la transition énergétique n’est pas tolérable

Elle a choqué nos voisins européens, tant sur la méthode que sur le fond, et jusque dans les rangs des parlementaires macronistes. Car une fois de plus, pendant que les égoïsmes nationaux prennent le dessus sur les objectifs communs, nous perdons un temps précieux face à l’urgence climatique. Quand la France œuvre pour une alliance pro-nucléaire en Europe et prétend « en même temps » rejoindre « le groupe des amis des renouvelables », dans les faits, elle continue à surinvestir dans le nucléaire et à ralentir les renouvelables.

La volonté d’Emmanuel Macron de relancer le nucléaire français, annoncée à Belfort, et l’entêtement français sur le nucléaire ne doivent en aucun cas ralentir la transition énergétique européenne. Les associations signataires appellent la France à ne pas bloquer davantage l’essor des énergies renouvelables et, plus largement, à ne pas freiner la transition énergétique dans les autres textes législatifs européens à venir. Le climat mérite mieux que cela. »

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